II
MOUVEMENTS RYTHMIQUES ET ARYTHMIQUES
par P. Fraisse
Position du problème.
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Une des tâches essentielles de la psychologie est de percer peu à. peu l'écran des concepts que les nécessités de la vie ont plaqués au cours des âges sur les différentes conduites humaines pour s'efforcer de préciser de plus en plus leur nature. Cet effort que d'autres poursuivent dans le domaine de l'intelligence ou de l'affectivité, nous nous sommes efforcés depuis plusieurs années de le poursuivre dans le domaine du rythme.
Le rythme correspond à certaines expériences d'origine perceptive et, à ce titre, il est souvent la conséquence de conduites humaines que l'on retrouve dans les arts (musique, danse, poésie) et dans les travaux manuels.
Pour caractériser ces conduites dites rythmiques et les impressions qui y sont indissolublement liées, les définitions du rythme ne nous donnent que de vagues généralités qui varient avec les auteurs et les époques; si cependant nous essayons d'en extraire l'idée commune nous trouvons celle de Vordre. Mais il s'agit là d'une idée générale exprimée par les auteurs sous des termes différents : le « nombre » (Aristote), succession régulière (Litt ré), « proportion » (Vincent d'Indy), périodicité (Lalande) ou encore forme et structure (B. de Schlœzer).
Partant de la définition la plus générale et aussi la plus sobre qui est, à notre avis, celle de M. Emmanuel, « le rythme est l'organisation de la durée », nous pourrions montrer que cette organisation est, soit mal décrite soit décrite en fonction d'une esthétique relative à une forme d'art ou même à l'œuvre d'un compositeur.
Beaucoup d'auteurs sont par ailleurs d'accord pour admettre