Mise au pointRecommandations pour la pratique clinique du dépistage et du diagnostic de l'autisme et des troubles envahissants du développementClinical guidelines for the screening and the diagnosis of autism and pervasive developmental disorders
Introduction
L'autisme infantile selon la classification internationale des maladies (CIM 10) est un trouble précoce du développement marqué par des perturbations de la communication, de la socialisation et par la présence de comportements répétitifs et stéréotypés [1]. La conception de ce trouble a beaucoup évolué depuis sa description princeps [2]. L'autisme est actuellement conçu comme un trouble envahissant du développement (TED) dont il est le prototype, c'est-à-dire la forme la mieux décrite du point de vue des critères sémiologiques [3], [4]. Le concept d'autisme s'est aussi beaucoup élargi avec le temps, menant à inclure sous ce terme des formes plus ou moins sévères du point de vue des symptômes et des troubles associés. La notion de spectre des troubles autistiques, même si elle n'est pas une terminologie reconnue des classifications diagnostiques, est souvent utilisée en pratique pour rendre compte de la diversité des tableaux cliniques [5], [6]. Seule la moitié des enfants pour lesquels le diagnostic d'autisme est actuellement retenu répondent aux critères proposés par Kanner en 1943 [7].
Cette évolution des critères de diagnostic a certainement contribué à l'augmentation de la prévalence de l'autisme constatée depuis quelques années. Celle-ci est estimée actuellement entre 1 et 3 sur 1000 pour l'autisme infantile et jusqu'à 7 sur 1000 si on prend en considération l'ensemble des TED [8], [9]. Cette fréquence élevée de l'autisme et des TED leur a fait quitter leur statut de syndrome rare pour en faire des problèmes de santé publique.
Les TED se manifestent très tôt, bien avant l'âge de 3 ans, mais leur détection et leur confirmation diagnostique interviennent seulement entre 3 et 6 ans, voire à l'âge de 11 ans pour les formes non associées à un retard mental [10], [11]. Dans les formes les plus communes, la grande majorité des parents exprime des préoccupations pour le développement de leur enfant dès sa 2e année de vie [12], [13], [14]. Les aspects qui les préoccupent concernent souvent le développement du langage ou la perte de compétences relationnelles [13]. Au début, ces symptômes peuvent être très discrets. Ils s'installent de façon progressive, insidieuse, voire fluctuante, de sorte que les parents, inquiets à juste titre mais ayant attendu souvent quelques mois avant de prendre l'avis de leur médecin, obtiennent rarement un diagnostic dès cette première consultation [15], [11]. En effet, les médecins les rassurent souvent, mettant sur le compte de leur anxiété tout un cortège de signes qui devrait au contraire les alerter, les inciter à une surveillance attentive de l'enfant et les amener rapidement à demander un avis spécialisé. Il en résulte un délai important entre l'émergence des préoccupations parentales (permettant la datation du début des troubles de l'enfant) et la confirmation diagnostique [13], [14]. Cette période est certainement un moment de grande inquiétude pour les parents, « d'errance » médicale à la recherche de réponses à leurs préoccupations, de mots à mettre enfin sur les problèmes de leur enfant. De plus, ce délai durant lequel aucune intervention n'est mise en place, augmente les risques d'aggravation et de sur-handicap.
Il y a donc aujourd'hui un consensus sur la nécessité d'un diagnostic plus précoce [16]. La question est celle des moyens qui permettent d'y aboutir. Sur la base de ces constatations, des groupes d'experts se sont réunis aux États-Unis [17], [18], [19], puis en Grande-Bretagne [20] et plus récemment en France pour faire un état des lieux des pratiques diagnostiques existantes et proposer, après évaluation scientifique, des recommandations pour les professionnels. Dans la mesure où ces recommandations sont destinées à des systèmes de santé différents, elles doivent pour être pertinentes et réalisables dans chaque pays, s'adapter aux spécificités des systèmes de santé respectifs. En France, la direction générale de la santé et la direction générale de l'action sociale sont à l'origine de la démarche et la soutiennent pour mettre en place des recommandations pour la pratique professionnelle du diagnostic de l'autisme. La fondation France Télécom est un mécène du projet. La Fédération française de psychiatrie, en collaboration avec la Haute autorité en santé (HAS), a accepté d'être le promoteur de ce travail débuté en septembre 2004 et terminé en juin 2005.
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Objectifs du travail
Il s'agit de proposer aux professionnels des recommandations pour leur pratique du diagnostic de l'autisme infantile et des autres TED. Ces recommandations concernent plus particulièrement les enfants et les adolescents âgés de moins de 18 ans. Elles sont destinées aux médecins généralistes ou spécialistes (en particulier, pédiatres, pédopsychiatres), médecins scolaires, médecins des centres de PMI, professionnels de la petite enfance, psychologues, orthophonistes, psychomotriciens,
Méthode utilisée
Ces recommandations ont été élaborées selon la méthode publiée par l'HAS. Des professionnels de diverses disciplines, ayant un mode d'exercice public ou privé, d'origine géographique variée et experts dans le domaine du diagnostic de l'autisme, ainsi que des membres d'associations de familles, ont été désignés par leurs associations ou Sociétés savantes respectives pour les représenter (14 au total, Annexe A). Une revue de la littérature a été faite en évaluant le niveau de preuve scientifique
Niveaux d'approche
Deux niveaux sont à distinguer :
- ●
le dépistage qui procède de la sensibilisation des professionnels aux signes d'alerte de TED lors des examens systématiques de santé (incluant les examens de santé scolaire). À l'heure actuelle, la faisabilité d'un dépistage systématique des TED n'est pas établie et des études sont nécessaires à la validation d'instruments à utiliser ;
- ●
le diagnostic qui comporte chez ces enfants repérés l'évaluation du développement, la recherche d'autres troubles ou de maladies
Discussion
Il faut souligner le besoin important de sensibilisation et de formation des professionnels, en particulier ceux qui sont situés en première ligne pour détecter les troubles du développement, comme les médecins généralistes, pédiatres, médecins de PMI, professionnels des crèches et écoles maternelles. Ces professionnels ont besoin d'être davantage sensibilisés aux troubles du développement sociocommunicatif de l'enfant. C'est en effet, dans ce domaine du développement que doivent être
Conclusion
L'autisme et les TED, parce qu'ils représentent des troubles qui affectent tout le développement de l'enfant, parce qu'ils sont durables et parce qu'ils ont des conséquences fortes pour son entourage familial et social, requièrent une approche pluridisciplinaire pour leur compréhension, pour leur diagnostic et pour leur prise en charge. Cette approche oblige les professionnels à dépasser d'éventuels clivages et à travailler ensemble. Probablement, faut-il, pour y parvenir, faire l'effort de
Remerciements
Ce travail est le résultat d'un partenariat avec la Haute autorité de santé, sous le patronage de la Direction générale de la santé et de la Direction générale de l'action sociale, avec le soutien financier de la DGS, la DGAS, la HAS, et la fondation France Telecom.
Les auteurs remercient Mme Boy, documentaliste pour son expertise, les membres des groupes de travail et des groupes de lecture, les Sociétés savantes et les associations d'usagers qui ont participé et donné corps au projet ainsi que
Références (20)
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2011, Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'AdolescenceAutism and mental retardation: a study of the early social communication
2007, Archives de PediatrieCouples’ Experiences of Parenting a Child After an Autism Diagnosis: A Qualitative Study
2021, Journal of Autism and Developmental DisordersSupporting Parents of a Child with Autism Spectrum Disorder: The French Awakening
2019, Journal of Autism and Developmental Disorders