Analyse de la littérature
La fatigue du blessé médullaire

https://doi.org/10.1016/j.annrmp.2006.04.013Get rights and content

Résumé

Objectifs

Identifier les facteurs qui concourent au développement de la fatigue après lésion de la moelle épinière et à ses conséquences fonctionnelles.

Méthodes

Une revue systématique de la littérature a été effectuée sur Medline et Réédoc selon les mots clés suivants : spinal cord injury, fatigue, intrinsic muscular fatigue, chronic fatigue, ageing, training, electrostimulation, quality of life et leurs équivalents français.

Résultats

Après blessure de la moelle épinière, il existe deux types de fatigue : une fatigue intrinsèque des muscles paralysés au niveau et au-dessous de la lésion ; cette fatigue périphérique est la conséquence de la dénervation totale ou partielle; elle s'accompagne de modifications histologiques et biochimiques du muscle ; elle est bien évaluée par les techniques d'électrophysiologie neuromusculaire ; son évolution semble peu influencée par la spasticité et les automatismes moteurs ; elle est partiellement réversible par l'application d'une électrostimulation au long cours. Les neuroprothèses, en l'état actuel, ne permettent pas de compenser les conséquences de cette fatigue intrinsèque et limiter le coût énergétique excessif pour faciliter la station debout ou la locomotion ; une fatigue chronique s'inscrit dans l'évolution à long terme du blessé médullaire ; elle est liée au déconditionnement physique et aux perturbations physiologiques, psychologiques et sociales observées au cours du vieillissement ; un certain nombre d'arguments permet de rapprocher cette fatigue chronique du syndrome postpoliomyélitique et du syndrome de fatigue chronique, évoquant sa nature centrale ; les programmes de reconditionnement physique peuvent en retarder l'apparition et en limiter les conséquences.

Conclusion

La fatigue après blessure de la moelle épinière a une expression à la fois périphérique (muscles partiellement ou totalement paralysés) et centrale en lien avec le vieillissement. Cette double expression nécessite une anticipation par application de programmes d'électrostimulation des muscles atteints et les programmes visant à lutter contre le déconditionnement physique et psychosocial.

Section snippets

Bases physiopathologiques

La fatigue musculaire des segments corporels totalement ou partiellement paralysés se traduit par le déclin rapide de la force induite par électrostimulation ou par la contraction volontaire résiduelle si elle existe ; elle affecte donc la puissance et l'endurance des muscles concernés. Elle est la conséquence de l'interruption ou de la réduction des influx corticospinaux descendants au niveau de la lésion. En cas de paralysie totale, il s'agit d'une fatigue « périphérique » intrinsèque qui est

La fatigue musculaire peut-elle être reversible ?

Le développement relativement lent après la lésion de la moelle de la fatigue des muscles totalement ou partiellement paralysés suggère que le déclin de la force est étroitement lié à l'absence d'activité. La résistance à la fatigue a pu être confirmée par la mise en œuvre d'un entraînement par électrostimulation appliquée précocement [13], [36], [46], [48]. Les modifications du débit sanguin régional obtenues par augmentation de la pression artérielle réduisent la fatigue au cours des

Fatigue chronique et blessés medullaires

Vivre avec une paraplégie ou une tétraplégie traumatique a comme conséquence quasi inéluctable le développement d'un état de fatigue chronique. Celle-ci s'exprime objectivement par le déclin des performances physiques au cours du vieillissement. Cette fatigue ressentie est plus fréquente et plus précoce chez le tétraplégique mais, quel que soit le niveau de la lésion, s'aggrave de façon significative entre la 15e et la 20e année alors qu'il n'y a pas de différence suivant l'âge [4]. La fatigue

Perspectives therapeutiques

Nous avons signalé l'intérêt actuel, dans les lésions médullaires complètes, de la mise en œuvre très précoce de programmes d'électrostimulation des muscles paralysés, leur effet préventif sur les altérations histochimiques du muscle, voire les effets squelettiques positifs et sur le développement de la fatigabilité musculaire intrinsèque. Les perspectives d'amélioration des neuroprothèses à visée fonctionnelle, tant pour la préhension manuelle que pour la verticalisation et/ou la marche

Conclusion

La blessure de la moelle épinière réunit les conditions de deux types de fatigue :

  • la première concerne la fatigabilité intrinsèque des muscles totalement ou partiellement paralysés au niveau et au-dessous de la lésion. Cette fatigue intrinsèque dite « périphérique » est la conséquence de la dénervation totale ou partielle, des modifications histologiques et métaboliques du muscle. Elle est bien évaluée par les techniques d'électrostimulation musculaire qui, appliquées de façon chronique,

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